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7A6D9820-329F-4ABA-B4DD-6AF33A6CB50C Created with sketchtool. CHOIX DE VIE

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Photos Gabriele Facciotti

À Sölden, Lara Colturi aurait dû être l’une des plus jeunes skieuses à porter un dossard à un Championnat du monde, en battant, dans les statistiques, une certaine Mikaela Shiffrin qui avait concouru dans le plus haut des circuits deux avant jours avant ses seize ans. Mais, des conditions météorologiques défavorables en ont voulu autrement, annulant ce fameux jour qu’elle attendait avec hâte.

Un choix pondéré et personnel qui mérite le plus haut respect et qui, l’ayant décidé toute seule mais avec l’appui total de sa famille, est la première chose sur laquelle Daniela Ceccarelli précise : « Le ski fait partie intégrante de notre famille, ma fille dit qu’elle s’est retrouvée sur la neige quand elle a commencé à marcher, en fait, elle a probablement appris à skier en premier... ».

L’aventure a commencé il y a des années, avec une idée en tête bien claire depuis longtemps, optimiser le temps qui « est précieux surtout pour elle, je pense qu’il n’est pas possible de suivre le même rêve pendant toute la vie. Il est normal de faire l’athlète quand c’est le moment, mais ensuite, d’étudier, de voyager ou de faire quelque chose de totalement différent ».

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Photos Gabriele Facciotti
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Photos Gabriele Facciotti

Enfant, Lara Colturi a tout gagné, en long et en large, en dominant à plus d’une reprise aussi des épreuves internationales, sans toutefois jamais oublier sa grande passion, le patinage qui a toujours occupé une place importante dans sa vie.

Une fois adolescente, l’heure est venue pour elle d’inscrire ses résultats dans les annales et de penser à l’avenir et à ce monde Fis tant craint par les jeunes. Lara et sa famille ont évalué les différentes options qui leur permettraient d’atteindre les objectifs préfixés. Et, vu que la mère de Lara, Daniela, savait déjà comment suivre aussi d’autres athlètes albanais qui tournaient autour de la Voie lactée, Lara et sa famille ont entrepris la même voie.

C’est donc à quinze ans seulement que Lara a vécu ce passage avec sérénité et de façon on ne peut plus normale.

L’on parlait de choix, de choix personnels, étudiés dans le moindre détail par deux parents qui connaissaient bien le monde du ski. Voire même très bien. Lara Ceccarelli a remporté la médaille d’or des JO dans le superG à Salt Lake City et, aujourd’hui, est une monitrice nationale tandis qu’Alessandro Colturi a été technicien et skiman au Championnat du monde, en suivant Daniela toujours dans les coulisses. Ensemble, ils ont créé la Golden Team Ceccarelli à travers laquelle ils ont voulu mettre en place un travail de qualité, tout en maintenant un profil de haut niveau.

Ce moment fatidique est arrivé, beaucoup décriraient ce passage comme prématuré et d’exaspération extrême. En effet, impossible de le dire aujourd’hui - ce seront les classements de demain qui le diront... Cependant, le parcours de Mikaela est un enseignement, celui de la jeune Croate Zrinka Ljutić, qui vient d’avoir dix-huit ans, idem.

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Photos Gabriele Facciotti
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Photos Gabriele Facciotti

Projetée dans le monde des grandes et, comme pour elles, une préparation durant l’été de premier ordre s’est rendue nécessaire, sans problèmes particuliers car, au fond, ses résultats mêmes et sa minutie attirent plus les professionnels que la catégorie teenager. « Ce qui n’enlève rien à la vie d’une adolescente » précise Alessandro, le père de Lara, « elle sort avec ses copains et copines, vit les choses de son âge ».

Cet été, Lara et sa famille ont vécu deux mois intenses aux 2 Alpes avant de refaire leurs bagages et de voler pour l’Amérique du sud pour deux mois. Le Chili et l’Argentine, El Colorado et Ushuaïa - et vice-versa -, des allers-retours entre entraînements et premiers championnats, assortis de plusieurs milliers de kilomètres en voiture. Une nouvelle aventure, surtout pour Lara.

« Une très belle expérience qui a commencé dans la sérénité et sans stress » ajoute Alessandro, « Nous n’avions rien à prouver à quiconque.

Juste un moment de tension lorsque la possibilité de marquer 140 points à la première Fis s’est présenté, sauf qu’avec le 28,50 obtenu, tout a changé : ça a été le bonheur.

Si l’on veut, c’était comme des vacances, nous sommes partis dans l’idée de faire les premiers championnats pour marquer des points mais aussi pour s’entraîner et découvrir des lieux qui nous ne connaissions pas ».

Photos Gabriele Facciotti

Ils ne sont pas partis dans l’intention de participer à l’intégralité du circuit d’Amérique du sud mais ils avaient un programme bien précis : participer aux premiers championnats et confirmer les moins de 140 points Fis au début août, qui leur ouvriraient les portes à la SAC où le niveau aurait été plus haut et leur aurait donné la possibilité d’améliorer ultérieurement les points.

Photos Gabriele Facciotti

Puis, enchaînant les victoires, l’intérêt s’est fait plus élevé et c’est alors qu’ils ont décidé de suivre le circuit pour tenter de le gagner. Mission réalisée, les premiers « examens » réussis avec succès. Dix compétitions Fis remportées, dont six de la South American Cup.

De retour en Europe, après une semaine de vacances à Lampedusa, re-bagages direction Saas-Fee pour les dernières journées de « finition » avant le grand début mais aussi tester pour les chaussures de ski Tecnica et les skis Blizzard.

Photos Gabriele Facciotti

Ils se sont basés à Sölden et ont skié sur les glaciers d’Autriche, en attendant le circuit géant sur le Rettenbach qui sera annulé ensuite, puis ont pensé aux slaloms de Levi et aux compétitions de Sestrières. Ils n’ont pas l’intention de participer à tout le Championnat du monde. En effet, pour l’instant, ils visent les Championnats du monde Juniores à mi-janvier et non ceux des grands à Courchevel-Méribel.

Tout dépendra des premières compétitions européennes. « Sölden n’était pas considéré comme une expérimentation, mais juste une façon de faire découvrir à Lara le milieu du Championnat du monde, sans stress : l’un des objectifs que nous nous étions préfixés ». La championne olympique le vit avec beaucoup de philosophie : « Nombreux sont ceux qui me disent qu’elle pourrait se démoraliser mais, elle, elle sait très bien qu’elle s’inspire d’une Brignone, d’une Hector et d’une Shiffrin. Mais si tu vis cette expérience seulement pour voir comment tu progresses dans un parcours, le tout avec légèreté, alors pourquoi pas ?
Photos Gabriele Facciotti
Photos Gabriele Facciotti

Si, pour toi, le circuit géant sur le Rettenbach est un examen en tout et pour tout, ce serait alors un suicide psychologique. Elle, au contraire, elle est sereine ». Et ça se voit, elle rit quand nous lui rappelons qu’elle deviendra la plus jeune athlète à porter un dossard dans un Championnat du monde.

Toutefois, il convient de se demander comme une fille de quinze ans peut être à même de gérer des entraînements et des déplacements, les fuseaux horaires et les compétitions. Alessandro en est plus que conscient : « Nous travaillons beaucoup sur l’aspect athlétique, elle n’a pas encore toute la force musculaire et, lors des entraînements, elle ne peut faire trop de descentes » explique-t-il, « elle doit se former et, avec la forte croissance de ces deux dernières années, nous avons dû travailler vraiment beaucoup sur l’équilibre. À chaque saison, l’on repart de la configuration technique générale ».

Le tour de la question - qui, pour eux, n’a jamais existé mais qui a déchaîné l’opinion publique - trouve un point final avec Lara : « C’est ma famille, le ski est notre passion et il en sera ainsi pour toujours. Bien sûr, il y aura toujours des moments de conflit parents-enfants ». Alors, que cette aventure se poursuive comme ils l’ont décidée. Un beau défi, gagnant et intrigant, d’une autre équipe privée qui n’est bien sûr pas une exception dans l’univers du ski et du sport en général.

Par Andrea Chiericato